Paris Web 2010 : nous sommes tous des mutants
Ah, Paris Web ! On en rêvait, le staff l’a fait. Réussir à réunir web designers, développeurs, intégrateurs, consultants, étudiants et seniors, freelances et salariés, Parisiens et provinciaux, Français et citoyens du monde… Un fier melting pot, uni par la passion du Web libre. Amen !
Moi qui assistais à cette grand messe pour la première fois, j’ai adoré :
- D’une part parce que les conférences te donnent du grain à moudre intellectuellement : méthodes différentes, nouveaux outils, interlocuteurs balèzes, tu en sors forcément grandi(e) ;
- D’autre part, parce que sortir de ton train-train quotidien pour te mêler à d’autres professionnels passionnés te fait réaliser à quel point ce métier est cool :
Chaque jour au boulot on geint, on déteste, on maudit. Et chaque année on vient à #parisweb et on repart avec un smile jusqu’aux oreilles…
, dixit Christophe, que je plussoie ; - Enfin, parce qu’un évènement comme Paris Web permet de « ressentir une vibe » particulière, où les conférences et les discussions qui s’en suivent – on et off – mettent en lumière des questionnements et des débats d’actualité. En un sens, ça permet de prendre la température du milieu, et de se positionner soi-même par rapport à tout ça.
Un questionnement sur le métier de web designer
A cet égard, la conférence qu’a donnée Francis a été révélatrice. Intitulée « CSS3 / Photoshop : quel avenir pour le métier de web designer ? », cette conférence reprenait un débat initialement provoqué par un tweet d’Elliot Jay Stocks, que Francis avait d’ailleurs relayé et discuté sur son propre blog en février dernier. Le débat n’est donc pas nouveau.
La présentation de Francis était chouette. Mais c’est surtout le débat qui l’a suivie qui fut un des points d’orgue de Paris Web. A tel point que les questions soulevées à ce moment-là ont largement alimenté la « Conférence dont vous êtes le héros » du lendemain, sorte de grand débat public clôturant les deux jours de conférences PW.
Résumons donc le débat en question via l’opposition des deux paradigmes* principaux :
- Francis propose une vision pluridisciplinaire du métier de web designer, s’inscrivant ainsi dans la lignée d’Elliot Jay Stocks, donc, ou d’un Mike Kus (lead designer chez Carsonified). Le web designer devrait savoir coder en HTML/CSS, au moins pour être capable de fournir des maquettes dynamiques, histoire de tester lui-même l’intégration de son mock-up Photoshop. Plus généralement, le web designer devrait se tenir au courant des innovations CSS, afin de connaître les possibilités techniques au moment de l’intégration ;
- A l’opposé, un certain nombre de web designers – dont la figure de proue fut sans aucun doute Julien Dubedout (oui, le Julien de Marie et Julien) – nient en bloc cette théorie. Pour eux, le cœur de métier du web designer réside dans la conception, et l’arrivée de CSS3 ne change rien à cela. Web designer est un métier en soi, pas besoin de déborder sur l’intégration pour être un bon web designer. Les intégrateurs qui rechignent à intégrer des maquettes un peu trop complexes seraient des « fainéants ». Pis, une dame dans l’assistance assura même qu’un web designer sachant intégrer est forcément un mauvais web designer. Mais là c’est du troll alors on oublie.
Parallèlement à tout ça, du côté des Intégristes, on fantasmait en imaginant que la prochaine version de Photoshop intègrera CSS3 directement, en générant, par exemple, des ombres portées telles qu’elles sont générées avec un box-shadow, afin de limiter les différences entre la maquette et l’intégration qui en est faite. On pourrait même imaginer que le logiciel génère automatiquement un fichier HTML/CSS avec les lignes de CSS ad hoc, avec les bons réglages et tout, en fonction des effets CSS sélectionnés pendant la conception, ce qui limiterait finalement les décalages entre d’une part la maquette et d’autre part l’intégration qui en est faite.
Mais, pour excitante que soit cette idée, finalement ce n’est pas ça le plus important. Qu’on pense que le web designer doive sinon intégrer lui-même ses maquettes, au moins faire de la veille et se tenir au courant des innovations CSS, ou qu’on pense que son métier est strictement limité à la conception graphique, le fond du problème n’est pas là.
Pour une vision ouverte des métiers Web
Le plus important, ça a été de voir à quel point l’ego des différents intervenants a pris de la place pendant ces débats. Le véritable problème, c’est que nous autres Français avons énormément de mal à penser en dehors de la boîte, et que nous continuons, à travers ce genre de discours, à perpétuer un système de petites cases hermétiques, desquelles il semble difficile et, pire, mal vu de sortir.
La mentalité française aime les limites, les barrières, la théorie. Elle aime beaucoup moins l’empirisme, les faits concrets, l’acceptation que quelque chose puisse évoluer. Si vous êtes salarié(e), comme moi, votre contrat définit point à point ce que vous êtes censé(e) faire au sein de votre entreprise. Pourtant, nous savons bien vous et moi qu’en tant que professionnels du Web, nous en faisons forcément plus – ce « plus » regroupant un ensemble de tâches pas forcément descriptibles ou quantifiables dans un contrat.
L’idée est de remettre en question le discours selon lequel il n’y aurait qu’une seule acceptation possible d’un métier donné.
Prenez le métier d’intégrateur web, par exemple. Personne n’a évoqué le sujet sous cet angle-là, pendant Paris Web, et pourtant : ce métier a dépassé depuis longtemps le simple découpage HTML/CSS d’une maquette, et a évolué vers une compétence « interface utilisateur » plus vaste. Le métier d’intégrateur web regroupe bien sûr toujours la découpe de maquettes et l’écriture de HTML et de CSS, mais il requiert aussi des compétences en Javascript, ainsi que des notions d’ergonomie, de typographie et de SEO. Selon l’expérience de l’intégrateur, celui-ci peut être amené à participer à l’élaboration de spécifications fonctionnelles, à manager et à gérer des projets, à concevoir des fonctionnalités AJAX avancées. Affirmer que tous les intégrateurs web font toutes ces tâches serait un mensonge. Affirmer que toutes ces tâches ne relèvent pas du métier d’intégrateur aussi.
Au sein de notre Pôle, par exemple, nous avons revendiqué depuis quelques temps la gestion intégrale de Javascript et donc d’AJAX, alors qu’avant, c’était les développeurs qui s’en chargeaient. Les intégrateurs web ne se contentent plus seulement de traiter l’apparence d’un site web, mais ils sont aussi en charge de son fonctionnement front-end, ce qui fait appel à des connaissances que l’on considérait jusqu’à présent plutôt du ressort des équipes de développement. Cela explique d’ailleurs que l’expression « intégrateur web » cède peu à peu sa place à « développeur front-end », comme chez les anglo-saxons, où l’on parle tantôt de « front-end web developer » ou de « web designer », dans un sens plus riche et plus technique que ce que le terme implique en France (design et créa stricto sensu).
A l’instar du web designer censé connaître HTML/CSS, est-ce que l’intégrateur web doit avoir a minima quelques notions de Javascript, de Smarty et de PHP ? Oui.
De même, est-il du ressort de l’intégrateur d’apporter de menues modifications sur des maquettes graphiques pour faciliter la découpe d’images et l’écriture des propriétés des différentes boxes d’un design web ? Selon moi, oui.
Posez ces questions à différents intégrateurs, vous obtiendrez sans doute des réponses différentes. Ça tombe bien, c’est pile ce que j’essaie de démontrer : un métier Web ne relève pas, par définition, d’une science exacte ou figée. S’offusquer qu’on puisse envisager tel métier sous un angle différent du sien me met donc la puce à l’oreille.
Chaque professionnel du Web est libre d’apporter ce qu’il veut dans son poste. Si un web designer suit de très près HTML5, amen ! Si un développeur web est passionné de SEO, amen ! Si un intégrateur se découvre une passion pour AJAX, amen !
Le Web est une grande planète d’où l’innovation émerge chaque semaine. Les professionnels du Web sont quant à eux des « mutants », ayant plusieurs cordes à leur arc. La curiosité me semble être une des qualités essentielles pour évoluer dans ce domaine, et les outils me semblent secondaires. Je rejoins totalement Matthieu Mingasson lorsqu’il dit qu’il est maladroit de tout miser sur une technologie en particulier : ainsi, se décrire comme « spécialiste WordPress » est peut-être à la mode en 2010, mais qui sait si d’ici deux ans, WordPress n’aura pas disparu au profit d’un autre outil, plus performant ? Aucune technologie n’est pérenne. Il n’empêche qu’en 2010, c’est un atout de connaître WordPress sur le bout des doigts, comme c’est un atout pour un web designer de connaître CSS3. L’idée est d’être curieux et de prendre le temps de le rester, afin de faire son métier le mieux possible et de la manière la plus épanouissante possible.
Pour le web design comme pour tout métier créatif, la technique joue un rôle majeur dans la conception, tout en n’étant qu’un outil. Si mes souvenirs sont bons, c’est encore Mingasson qui rappelait qu’un graphiste print, par exemple, connaît la façon dont est fabriqué l’objet qu’il conçoit numériquement : grammage, vernis, reliure, etc. De même, il semble assez logique qu’un web designer s’intéresse à CSS et à l’évolution de cet outil, pour savoir comment sa créa va évoluer une fois intégrée. Cependant, amis web designers, rassurez-vous : personne ne vous demande de concevoir toutes vos interfaces directement dans votre navigateur !
Le Web libre, un travail d’équipe
Finalement, chacun est libre de travailler avec les outils qui lui sont agréables. Je comprends les créatifs que le code fait frémir. Cela doit à peu près équivaloir à l’angoisse que provoque chez moi la perspective de devoir écrire de l’AJAX. Mais, soyons honnête : on a souvent peur de ce qu’on ne connaît pas, ou mal. Le tâtonnement me semble être une caractéristique fondamentale des métiers techniques, car c’est une terre en perpétuelle mouvement. Ce n’est pas une science exacte, c’est du Web. Ce n’est pas un diplôme, c’est une vocation. Et aucun apprentissage ne me semble insurmontable. CSS, par exemple, bon, c’est quand même pas la mer à boire.
Apprendre les contraintes (ah non pardon, les « spécificités ») du métier d’intégrateur ne peut qu’aider à mieux designer, et bien sûr je ne parle pas de créativité – les web designers sont les meilleurs pour ça. A chacun son métier ! S’offusquer qu’on puisse penser que les web designers devraient avoir des notions rudimentaires de HTML et CSS me surprend.
L’amélioration du Web est un travail d’équipe – et ça on n’en a pas trop entendu parler, pendant les débats. C’est pour ça que j’ai parlé d’ego plus haut, c’était très auto-centré tout ça. Ce n’est pas telle équipe d’un côté, telle équipe de l’autre, à chacun ses contraintes et démerde-toi, ah non je ne veux pas entendre parler des spécificités de ton boulot, c’est ton problème. En tout cas, ce n’est pas ma vision des choses, mais je conçois qu’on puisse penser comme ça : on est Français après tout.
Au quotidien, nous autres Intégristes essayons de sensibiliser nos collègues web designers à l’utilisation des grilles, par exemple, pas parce que nous sommes « flemmards » (sic) et que nous en avons marre de devoir spécifier cinquante types de marges différentes (quoi que), mais parce que nous sommes convaincus que la qualité de l’interface n’en sera que meilleure. De même, nous prêtons une oreille à nos collègues développeurs lorsqu’une de nos intégrations leur pose souci ; dans un cas comme l’autre, personne n’accepte systématiquement de remettre son travail en question, après tout chacun sa spécialité. Mais l’essentiel, c’est de communiquer et de prendre conscience des spécificités des autres équipes, afin de fluidifier le workflow et de fournir, in fine, des sites qui « roxent des roukys ».
* oui, vous avez bien lu, j’ai placé « paradigme » dans mon premier article pour Les Intégristes. Histoire de marquer le coup !
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22 commentaires
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J’ai dans l’idée que si le périmètre d’action de l’intégrateur n’est pas bien défini et/ou définissable, c’est en partie parce qu’il n’y a pas réellement de formation figée sur ce métier.
Très souvent un intégrateur est un étudiant dev qui a été attiré par le front, un designer qui a été attiré par le code et la joie de mettre la main dans le cambouis, ou bien tout simplement un fan d’internet qui s’est lancé en autodidacte dans ce monde-là.
Avec tellement de profils différents, je ne sais pas comment on peut espérer mettre le métier dans une case claire et distincte.
Et pourquoi le ferait-on de toute manière ? Comme tu l’as si bien soulevé, le métier bouge tellement vite que ça me semble vain.
Le 19 Oct. 2010 à 11h09 par GoOz
Excellent articel qui résume bien l’état actuel de notre profession en france :)
Le 19 Oct. 2010 à 11h27 par vince
Tiens, Marie, te voilà donc volontaire pour une conférence métier en 2011, non ? :)
Le 19 Oct. 2010 à 11h35 par Stéphane Deschamps
hum, intéressant résumé mais tu déformes un peu mes propos quand même !
Je ne suis pas DU TOUT « à l’opposé » de cette phrase :
« Plus généralement, le web designer devrait se tenir au courant des innovations CSS, afin de connaître les possibilités techniques au moment de l’intégration »
Bien au contraire !! Seulement encore une fois, comme depuis le début de cette discussion, j’ai l’impression qu’il y a une confusion entre connaitre son média et ses possibilités, et « savoir coder dans un langage »
Pour la sortie sur « fainéant », j’assume totalement (cf mon éloge à la fainéantise), et ça n’était pas dans l’optique « les intégrateurs seul » (cf la vidéo) mais bien dans le cas où on intègre son propre design, on aura tendance à se brider pour que ce soit plus facile, et à faire des compromis. Dailleurs qques lignes plus tard tu illustre parfaitement cet exemple avec le coup des grilles. Se contraindre en design pour simplifier le travail d’intégration. Tu vois, c’est exactement mon propos (et j’utilise les grilles AUSSI)
Pour finir :
« Je comprends les créatifs que le code fait frémir. »
=> C’est pas une question de faire frémir, c’est juste que c’est un métier différent, comme répété 1000 fois.
J’ai l’impression que plein de gens pensent qu’un designer ne code pas parce qu’il ne sait pas le faire, mais des fois, c’est juste une façon de travailler.
Quoiqu’il en soit, je parle toujours aux intégrateurs en faisant une maquette, et si il m’arrive de coder moi même, pour les gros sites sérieux je préfère confier ça a un expert, ce qui me semble plutôt sensé et raisonnable.
Je pense qu’un réalisateur sait cadrer, le fait parfois lui même, et pourtant il embauche des cadreurs. C’est parce qu’il est nul ?
Le 19 Oct. 2010 à 11h35 par Julien
Laissez l’intégration faire son travail, dès que nous aurons de plus amples informations soyez sûr que vous en serez les premiers informés.
Listen, let the integration do his job and be sure we give you informations as soon as possible.
Le 19 Oct. 2010 à 12h37 par kaneel
peut-être, mais pourquoi ne serait-il pas possible de créer avec le code, à partir du code, directement dans le navigateur, directement dans le support, pour de vrai ? Pourquoi ne serait-ce pas un matériau comme un autre, digne de manipulation, d’étude, d’inspiration et de création ?
Comme l’a très justement souligné Daniel Glazman, certaines des réactions de la salle révélaient surtout un problème de caste, typiquement français, où la technique (HTML/CSS) est méprisable et le concept idolâtré (Photoshop). Or les distinguer en les opposant dessert la créativité, qui n’émerge jamais que de la manipulation et l’expérimentation, avec ses tâtonnements et ses erreurs surprenantes… (rappelez-moi d’insérer ici une référence bien érudite à mes cours d’Esthétique et théorie de Arts).
Les créas réfractaires au code frémissent peut-être de peur, appréhendant d’avoir à se remettre en question, peut-être… Je pense surtout qu’ils ne sont fondamentalement pas intéressés par le médium pour lequel ils prétendent créer.
Le métier d’« intégrateur » me semble voué à disparaître : l’intégration HTML/CSS/etc. sera plus judicieusement répartie entre les graphistes (web) et les développeurs (front).
Le 19 Oct. 2010 à 13h04 par tetue
Créer avec le code (ou autre), c’est pas impossible, pourvu que tu ne te brides pas d’entrée pour des limitations techniques. Regarde du coté de la R&D.
Le 19 Oct. 2010 à 13h49 par Julien
Super article, j’attendais ça depuis longtemps. Je pratique le web design sans maquette. Je tiens à ajouter que cette pratique est très enrichissante d’un point de vue créatif pour quiconque se soucie du processus de création. Les bonnes questions se posent au bon moment, je pense surtout aux détails typographiques et aux comportements en tout genre (résolutions, survols, interactions). Il est pour moi hors de question de faire une maquette sur Photoshop. Ce logiciel n’a plus rien avoir avec le web tel que je le considère, je pense qu’il est plus logique de sculpter un site dans la masse car les outils sont là, et de plus en plus performants : Je pense à firebug et ses équivalents sur chrome et IE.
Il est d’ailleurs probable que la présente période soit bâtarde, entre la confection de maquette et le design via des technologies de collage moins laborieuses ; on peut imaginer pour l’avenir proche des outils entre framework CSS interfacées ou Drawter. Mais cet entre deux ne fait que confirmer que notre métier est basée sur la flexibilité.
Pour terminer, je voudrais revenir sur l’influence du processus de travail sur le projet finalisé : Personnellement, je suis un amoureux du web brut, des références de comportement, typographiques et couleurs au web « par défaut« , je tente d’éviter le plus possible de traiter le medium web comme quelque chose qu’il n’est pas, contournant ainsi toutes sortes de décorations, illustrations, privilégiant hacks et expérimentations (omniprésents tout au long de l’histoire du web) et en gardant une place particulière pour les technologie moderne qui inscriront le projet web dans son temps. Alors l’esthétique découle naturellement, logiquement, comme conséquence de la technologie et des contraintes mais elle n’est pas un but en soi.
Tout cela vous le comprendrez, n’est pas compatible avec l’outil de création bitmap qu’est Photoshop, mais c’est mon point de vue et ma pratique, mes clients, ma bataille. Je ne suis pas pour autant contre les autres formes d’élaborations de design, au contraire j’aime voir du neuf quel qu’il soit.
J’admet que ce choix est possible grâce à un statut d’indépendant, et qu’il comporte certains risques, mais je le rapproche de ce que l’on appelle le graphisme d’auteur en « print » : beaucoup de risques pour servir une vraie passion.
Le 19 Oct. 2010 à 15h18 par rb
« je tente d’éviter le plus possible de traiter le medium web comme quelque chose qu’il n’est pas »
Ha, éternelle rengaine, que j’ai aussi entendu souvent, avec « ça c’est du web, ça c’est pas du web »
Quelqu’un peut me donner le règlement intérieur du web, ou l’adresse de l’organisme qui valide ce qui est du web et ce qui ne l’est pas ? Moi je ne suis pas sectaire, il y a de la place pour tout le monde, je regrette juste quand certains site ne tirent pas le meilleur parti de ce support, mais à part ça, je ne vais pas commencer à décréter ce qu’est le web, c’est la meilleure façon de s’auto-limiter.
Le 19 Oct. 2010 à 16h13 par Julien
[…] Les Integristes on the whole conference […]
Le 19 Oct. 2010 à 19h01 par O'Vineyards Winemaker Blog » Blog Archive » ParisWeb 2010 – My Tiny Brain’s effort to summarize
L’article est très juste.
Un webdesigner se doit d’être curieux, et d’avoir des bases sur ce qui est possible techniquement (et ce qui sera compatible, en fonction du public visé) aussi bien au niveau de l’html-css, que du SEO !
C’est comme un graphiste print, il se doit d’avoir des bases sur les techniques d’impression. Il faut, je pense, bien connaitre ses outils pour faire de bons designs !
Par contre ce sont des métiers différents, s’intéresser aux possibilités offertes avec les nouvelles technologique ne veux PAS forcément dire que c’est au webdesigner de coder des pages web ! (comme en print, ce n’est pas au graphiste de faire la photogravure…)
Le 19 Oct. 2010 à 20h20 par ederntal
Merci à tous pour vos commentaires et réactions ! :) Je reprends dans l’ordre :
@GoOz:
Tout à fait d’accord avec toi ! Le tâtonnement me semble une caractéristique fondamentale du métier. D’ailleurs c’est précisément pour cela qu’on nous demande souvent de réexpliquer « ce qu’on fait réellement »… Ni développeur, ni designer, l’intégrateur continue à fasciner fin 2010 ! lol
@vince: merci encore ! ^^
@Stéphane: ah ah, euh… j’aurais pas le cran (ni la légitimité?). Et puis, une conférence métier, je ne suis pas sûre que ça soit le truc le plus passionnant du monde, car on sait déjà tous en quoi consiste notre boulot. Ou alors, imaginer une prés’ sur l’inté à destination de web designers (oui, encore aujourd’hui on nous a demandés ce que font les intégrateurs, en interne…), et web design à l’égard des intégrateurs ? Mais bon, non, en fait. Ceci dit c’est gentil de proposer, merci :) Si j’arrive à vous donner un coup de main pour l’organisation de PW2011, je serai déjà très contente.
@Julien: désolée, mon objectif n’était pas du tout de déformer ton propos. D’ailleurs, si tu relis mon article tu verras que je te prête, à toi et aux autres web designers dont les poils se sont hérissés pendant la conf de Francis, des propos qui me semblent au contraire assez fidèles à ce que tu as répété encore sur ton blog y’a pas longtemps – en substance :
. Je suis si à côté de la plaque ? :-pPour le reste, c’était simplement la réflexion que j’ai eue après avoir entendu les arguments des uns et des autres, en m’appropriant un peu le discours c’est vrai.
Je reprends ton commentaire :
. Bah, au risque de te décevoir, perso je n’attends pas qu’un web designer sache coder un site en HTML/CSS from scratch fingers in the nose ! ^^ Pas du tout. Enfin, c’est un plus, mais dans ma tête je dissocie vraiment cette capacité-là de la « simple » connaissance des fondements de ces langages et de leur évolution. En interne, nos web designers ne font pas du tout la même veille que nous, par exemple. Ils sont plutôt branchés « effets Wouahou », avec des sites en Flash qui déchirent leur mémé, plutôt que de s’astreindre à lire des articles sur les nouveaux effets CSS3. Encore une pas, pas qu’on attende d’eux de connaître CSS3 sur le bout des doigts, mais plus de suivre un peu l’état de l’art niveau intégration et techniques front-end, et de ne pas nous regarder avec des yeux de merlans frits quand on leur demande d’utiliser une grille… Je te jure. Pour toi, c’est le cas, tu sembles être au courant de ce qui se fait, de connaître CSS et tout, mais crois-moi, ce n’est pas le cas de tous les web designers. C’est aussi pour ça que je parlais du code qui fait frémir : j’en connais qui ont véritablement le poil qui se hérisse si d’aventure je commence à leur parler un peu technique. Après, c’est sans doute à moi d’adapter mon discours et de le rendre plus « sexy » et moins « tech », justement, comme le suggérait Christian Heilmann !Quant à « se limiter » parce que tu prends en compte N « contraintes », par exemple une grille… je ne suis pas convaincue. Peut-être que ça peut être limitant au début, ou si tu connais mal ce qui est vécu comme une contrainte justement. L’exemple des grilles me semble plus pertinent justement que CSS3, car il impacte vraiment le travail de maquettage. Mais bon, pourquoi cela poserait-il un problème, comme l’évoque ederntal ? On compare toujours le web designer et les contraintes web au graphiste print et aux contraintes print ; pour autant, est-ce que les graphistes print se limitent à cause du format du papier ou des règles typographiques ? Rien n’empêche d’en jouer. J’aime mieux aborder le truc sous l’angle proposé par Anne-Sophie Fradier: avoir conscience des contraintes, ça permet aussi de tout bousculer pour les dépasser. Sans compter que, pour complexe que soit ta maquette, au final, si tu as affaire à un intégrateur qui roxe (du rouky), il trouvera la solution ad hoc pour intégrer ta maquette le plus fidèlement possible.
Donc, encore une fois, je ne suis pas sûre qu’avoir conscience des limites d’un media soit forcément synonyme de bridage de créativité ; mais je ne suis pas web designer de métier, aussi je passe sans doute à côté d’exemples concrets que tu dois avoir en tête ?
@kaneel: merci pour cette intervention qui apporte vraiment quelque chose au débat =D
@tetue :
Je pense que c’est tout à fait envisageable (d’ailleurs, ça se fait déjà), mais de là à imaginer que le web design de demain ne sera fait que de ça, je doute. Pour riche que soit la palette d’effets que tu peux obtenir avec CSS3 et compagnie, tu ne pourras jamais traiter les images ou appliquer les mêmes filtres ou encore traiter le texte comme tu peux le faire dans un logiciel de type Photoshop ou GIMP. Et je ne parle même pas du papier qu’on peut scanner ou des photos à importer.En fait, je pense que cette méthode de « design dans le navigateur » s’applique bien pour des web designers ET intégrateurs, qui ont en tête de faire un site minimaliste pas piqué des hannetons. Tu peux tout à fait t’éclater comme ça, non seulement parce que ça représente un petit challenge (vite, avant que ça ne soit la mode!), mais aussi parce que tu aboutis tout de suite à un montage HTML/CSS exploitable.
Mais est-ce vraiment transposable à la gestion d’un site très complexe, par exemple un site e-commerce dont l’équipe web design en interne compte 20 D.A ? Le niveau de compétence technique sera toujours hétérogène, même en admettant que les métiers de web design et d’intégrateur fusionnent (ce en quoi je ne crois pas). Déjà qu’au sein d’une équipe d’inté, les niveaux sont différents, alors exiger un niveau technique à peu près équivalent pour chaque web designer d’une équipe… Je n’y crois pas, tout simplement parce que la formation ne suit pas derrière. Et puis, l’intérêt non plus ! Même si être touche-à-tout me semble être un véritable atout pour bosser dans le web, les web designers ne s’intéressent pas tout au code, et je respecte totalement ça. Certains viennent des beaux arts ou des arts déco « classiques » ; or le métier est récent, et j’ignore si les formations en web design sont orientées technique web, justement. Bref… c’est pas demain la veille, mais le concept de designer directement dans son navigateur est bien sûr tout à fait valable ! :)
Juste une réaction sur ta dernière remarque : je ne pense pas que les métiers de web designer et d’intégrateur fusionnent totalement. Je pense qu’il y aura, comme aujourd’hui, au moins quatre types de métiers : le web designer, l’intégrateur, « le web designer-intégrateur », et « l’intégrateur-développeur ». Mais je pèche par verbiage ! Expert front-end ou front-end web designer ou front-end web developer, finalement les anglo-saxons se posent moins de questions que nous sur la dénomination de métiers par essence mouvants et pluridisciplinaires. Je vois mal comment un intégrateur purement exé actuellement pourrait du jour au lendemain manier la conception, la typo et la tablette graphique d’un coup de baguette magique. Je caricature, mais bon l’idée est là ;-) De même, savoir coder des interfaces entières et complexes, avec comportements JS/AJAX, relève aussi d’un véritable métier. Donc… à moins que la prochaine génération soit composée uniquement de petits génies, ça m’étonnerait qu’on aboutisse à une fusion pure et simple. Encore une fois, les métiers web sont par essence poreux, et, si j’osais, « in-castables ». On a du mal à le penser intellectuellement, mais c’est pourtant le cas.
@rb :
C’est tout à ton honneur, le vintage est à la mode ^_^ A l’heure où justement tout ou presque est possible en CSS/JS, c’est courageux de tenter l’approche « back to the roots » à la Amazon – sauf qu’eux, ce n’est pas un retour, c’est juste une absence d’évolution. Ce concept me gêne si ça cache un retard technique ; après, si c’est par philosophie, pourquoi pas !@ederntal : tout à fait d’accord :)
Encore merci pour vos réactions qui me donnent encore plus de grain à moudre ! ça cogite, ça cogite…
Le 19 Oct. 2010 à 23h48 par Marie Guillaumet
Article très pertinent et commentaires très intéressants. Forcément, c’est un sujet qui me passionne mais je suis toujours ébahi ( bonne orthographe ? ) de voir qu’il y a toujours des personnes qui ont de bonnes idées et de bonnes pratiques.
En passant, hier est sorti le dernier bouquin d’Andy Clarke, « Hardboiled Web Design » où il ne parle que HTML5 et CSS3… dans un bouquin de web design… Comme quoi ça fait un moment que certains ont passé le cap dont on parle ici !! ;-)
Encore merci Marie pour cet article ! ;-)
Le 20 Oct. 2010 à 10h42 par Francis
L’idée est de remettre en question le discours selon lequel il n’y aurait qu’une seule acceptation possible d’un métier donné.
J’irai même jusqu’à dire qu’il n’y a pas qu’une acception au métier d’Intégrateur.
Pour moi c’est un métier interface l’intégration web (sans jeu de mot ou presque) et donc par nature l’intégrateur se retrouve souvent confronté à tous les métiers du web ou presque comme tu l’évoques (SEO, développeurs, design …)
Chacun à son niveau de compétence essai de faire en sorte que son métier soit le plus gratifiant et profitable.
Webdesigners s’éclatent avec leur outil (photoshop, illustrator …)Intégrateurs avec HTML/CSS/JS voir même PHP pour les plus aventureux …
L’idée reste quand même de ne pas se bloquer/devenir réfractaire à l’évolution de son métier car le web est changeant, ça on a beau faire on a beau dire … ça ne changera pas (ah ah).
J’ai personnellement commencé en ne faisant que de l’HTML et des CSS, mais la curiosité et la nature du web font que l’on est obligé de s’intéresser à autre chose que sa page HTML car tout seul ça ne va pas très loin … [sing]web of the nineties ![/sing]
Et je ne vois pas pourquoi les webdesigners seraient exempts de cet état d’esprit ! tout comme les développeurs d’ailleurs ! et même les chefs de projets … Je suis peut être un peu idéaliste (ou extrémiste, la limite n’est pas très éloignée parfois) mais j’ai tendance à penser qu’on ne peut rien faire de bon sans un minimum de passion et d’intérêt pour son propre métier ! et cela passe par la connaissance des métiers des gens avec lesquels on travaille chaque jour. [troll]Certaines créations graphiques si elles ne se préoccupaient pas des spécificités du web et de l’intégration seraient toute juste réalisables sous forme d’une unique image dans la page web … vive le web ![/troll… à peine]
Le 20 Oct. 2010 à 23h03 par bertrand
[…] n’ai pas aimé, par Bertrand KellerParis Web 2010 : encore une réussite !, par Les intégristesNous sommes tous des mutants, par Les intégristesLes meilleures citations, par JibouParis Web 2010, Innover de 9 à 5 (sur les […]
Le 25 Oct. 2010 à 10h57 par PIA Blog / Productivity by Design » Paris Web 2010 : tous les slides de la conférence (ou presque)
Nous sommes effectivement tous des mutants…
Des moutons, avec pour la plupart plus de 5 pattes ;)
Article et réflexion intéressante.
Sinon voici 10 jours après… Tous les slides (ou presque) des conférences de Paris web 2010
—
http://blog.piaction.com/2010/10/paris-web-2010-tous-les-slides-de-la-conference-ou-presque/
Le 25 Oct. 2010 à 19h04 par Yoan
Wahou ! Super article ! C’est marrant car ma boite vient d’en racheter une autre et nous fusionnons en ce moment les 2 equipes web. Je me retrouve une enième fois dans la position ou je dois expliquer mon metier à mes nouveaux collegues. C’est ici que ça se complique en general. Car resumer notre metier est complexe à expliquer pour quelqu’un d’exterieur que j’en suis meme arrivé à renvoyer mon interlocuteur ici, sur les integristes, pour vous dire :)
C’est à ce moment là que je m’aperçois avoir encore fait evoluer mon metier par rapport à ma derniere introspection.
Aujourd’hui il y’a des web designers, des integrateurs, et des gens qui font les 2 comme il y’a des developpeurs PHP, JS, .Net, PERL, Ruby, etc… et il y’en a qui font tout ça à la fois. Etendre son champs d’actions n’est pas un mal c’est plutot meme recommandé. Un patron choisira toujours une personne multi taches par rapport à une mono. Je resumerai ma pensée à dire que dans tous les metiers il y’a des bons et des moins bons. Et en general c’est le bon qui reste à la fin.
Le 26 Oct. 2010 à 08h23 par tata
Bravo pour l’article (qui en plus appelle à grosse réaction), je suis dans le même esprit que toi Marie, aujourd’hui cantonner le poste de webdesigner à Photoshop (ou un peu plus) me semble bien difficile.
Que l’on différencie Webdesigner-intégrateur, je le comprends tout à fait, mais je pense qu’il faut aussi prendre en compte le fait que certaines agences ne peuvent tout simplement pas avoir deux salaires là où on pourrait en mettre un seul. Je ne dis pas qu’une personne ayant la double compétence puisse remplacer deux personnes compétentes, certainement qu’il aurait quelques lacunes par rapport à un webdesigner ou un intégrateur extrêmement compétent dans son domaine, mais ce n’est pas le cas général à mon avis.
Cette petite parenthèse sur les contraintes d’agence (je ne suis nullement patron d’agence) faite, je suis comme le dit Marie d’avis qu’un webdesigner est difficilement cantonnable à faire de la maquette Photoshop (pour caricaturer). Je prends l’exemple de l’agence où je bosse, il m’apparaît complétement impensable de n’être que le webdesigner de l’agence, je dois également m’occuper de l’intégration dans le navigateur (HTML, CSS, JQuery, …) et je ne pense pas non plus avoir tendance à niveler vers le bas mes créations en pensant au code. Et quand je regarde aujourd’hui une annonce d’offre d’emploi webdesigner sur le site Alsacréations, je ne crois pas en avoir vu qui ne requiert pas l’usage des langages du web.
Aujourd’hui il ne me semble pas plausible de pouvoir limiter le champ d’action d’un webdesigner, les anglophones l’ont bien saisi.
Encore merci pour l’article Marie !
Le 26 Oct. 2010 à 13h28 par Youl
Excellent article qui met la lumière sur un sujet qui me tient à coeur: le cloisonement des compétences dans le métier du web. Pour moi ça n’a aucun sens de séparer webdesigner , intégrateur et développeur front , pour moi c’est différentes facettes d’un même métier : « front-end architecte » – même si la spécialisation est bien sûr possible. Pêut-être suis-je un mouton à cinq pattes comme diraient certains :
– j’ai grandi dans une famille d’artistes plasticiens donc j’ai des compétence artistiques
– je me suis toujours intéressé à l’informatique et la science : j’ai fais une école d’ingénieurs et fais du génie logiciel et du développement(J2EE, ruby etc )
– les deux précédents points font que je suis aussi infographiste(pas implicite)
– je me suis toujours intéressé au web :
je fais donc du HTML/CSS/Javascript à un niveau assez poussé
– je m’intéresse et intervient donc dans tous les aspects d’une application web/site web : du back-end au front en passant par l’architecture, l’aspect visuel , l’ergonomie , les performances coté navigateur, la méthodologie de développement etc…
Qu’en pensez-vous? d’autre personnes pensent-ils comme moi ?
Le 30 Oct. 2010 à 11h55 par chakazulufr
Par contre on ne parle jamais des Ergonomes ?
Non car on laisse chaque étapes à chaque métier ( Design / intégration / Dev ) mais les Ergo ?
Je sais que c’est encore un métier peu représenté, mais on a dans des agences des pôles Ergo…
Bon après perso je m’en fiche un peu, juste que parfois ça aime détailler mais pas jusqu’au bout :B
Mon point de vue sur tout ça c’est qu’on s’en fout en fait.
Quand j’ai appris en auto-didacte tout le bordel du web, je me suis focaliser sur le code ( non car le loltoshop hein… :troll: ) et sous l’aspect ‘je fais du code html’ on a les enjeux. Référencement Accessibilité, et architecture des balises sont à prendre en compte. Car on peut tout aussi bien connaitre le code, et faire une page html, mais avoir un code crade, pas référençable et mal foutu.
Un peu comme les graphistes qui se disent webdesigner sans connaitre les bases. Qui vont faire un truc qui va te piquer les yeux jusqu’à en chialer du sang.
Un webdesigner doit savoir connaitre le minimum du HTML, pour pas faire un double dégradé qui sera, certe possible, mais juste pas optimisé et relou à charger.
Après c’est juste une histoire de curiosité.
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