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La vie des intégrateurs, chapitre V : et plus si affinités…

Par Eric Le Bihan

Si vous êtes un tant soit peu à l’écoute du marché ou à la recherche de missions en freelance, vous aurez certainement remarqué la débauche de surenchères dans les compétences demandées pour un poste d’intégrateur html, oups, je voulais dire développeur front-end (je vous fais grâce du débat stérile sur le sujet…).

Avec l’arrivée de html5 et tout le cortège de nouveautés – la plupart du temps non applicables dans un environnement de production, le pauvre intégrateur doit se muer en véritable couteau suisse : en plus de maitriser html5 et css3, sans perdre de vue l’accessibilité et la compatibilité multi-navigateurs, il doit être un crack en javascript et un utilisateur averti des principales bibliothèques basées sur ce langage, il doit avoir de bonnes connaissances en design, en ergonomie, en expérience utilisateur, maitriser les technos pour le mobile et le responsive design, les préprocesseurs CSS, savoir optimiser son code pour le SEO et/ou booster les temps d’affichage d’une page web, connaitre plusieurs langages de templating, avoir de solides connaissances en PHP et des notions en administration de serveurs, n’en jetez plus la coupe est pleine ! Quel autre métier a une telle exigence envers ses professionnels et exige une telle étendue de connaissances ? L’intégrateur est-il en train de devenir le pendant du webmaster du début des années 2000 ? De deux choses l’une ou vous êtes un stakhanoviste de l’intégration et il est fort probable que vous ayez dit adieu à toute vie privée, sociale ou affective ou vos connaissances sont vouées à rester superficielles dans tous ces domaines.

Je pose donc la question de la formation. A quel moment ce processus indispensable à tout métier, et à plus forte raison à un métier dont la matière évolue très rapidement, intervient-il ? Comment est organisée cette formation ? Est-ce que parce qu’un intégrateur est souvent décrit comme une autodidacte passionné, il doit prendre ce temps de formation sur son temps libre – tout benef pour l’employeur ? Quelle est la politique des entreprises à leur égard, si dans certains cas le temps d’auto-formation et de veille est inscrit au contrat, la plupart du temps il est difficile dans le rush des projets à boucler de prendre le temps de se former convenablement. La veille se limitant à quelques articles lus en diagonale et quelques tweets échangés sur le sujet. Ce qui n’empêche pas les agences de vendre des prestations sur des technos non maitrisées et non éprouvées. la formation se fait souvent en cours de projet, selon le vieil adage c’est en forgeant qu’on devient forgeron.

Au-delà de la question de la formation, se pose la question de la valorisation des ces compétences. Quand je vois le niveau de salaire offert dans certaines annonces, je me dis qu’il y a maldonne… Soit vous voulez un junior qui débute et c’est tout ce que vous pourrez vous offrir pour le maigre salaire que vous êtes prêt à verser, soit il va falloir sortir la monnaie ! Oui on n’a pas fait tout ça pour rien ! (Pour ceux qui ne travaillent pas pour l’argent, mais pour la gloire, rien ne vous empêche de négocier vos talents à leur juste valeur et reverser une partie de vos revenus à des œuvres caritatives…). Il est bien entendu que nous parlons d’un contexte commercial et non de projets communautaires ou de bénévolat, quoique certaines entreprises commerciales proposent des postes proches du bénévolat au niveau de la rémunération…

Le besoin de reconnaissance est tel chez les intégrateurs que j’ai pu côtoyer dans ma vie professionnelle, que je suis prêt à me demander s’il n’y a pas un profil psychologique particulier pour ce métier, à ce point là c’est pathologique. Non mais vous en connaissez vous des intégrateurs qui ne râlent pas, qui ne se sentent pas incompris, ou reconnu à leur juste valeur ? A croire qu’en entreprise on s’acharne sur eux ! Alors que ces types sont des experts dans leur domaine, on continue à ignorer nombre de leurs recommandations en matière de conception d’interface ! Pire on leur mets dans les pattes des chefs de projets persuadés d’en connaitre autant si ce n’est plus qu’eux (voir l’effet Dunning Kruger)

Savez-vous que dans les pays anglo-saxons il y a des chasseurs de têtes qui sont spécialisés dans le recrutement des développeurs front-end ? Qu’il y a des annonces qui ne demande que, et seulement que, les compétences nécessaires à un développeur front-end ? Ça laisse songeur…

Quelques citations d’annonces qui m’ont amusé ou fait bondir, (qui rédige ces annonces, sérieusement ?) :

« Diplômé d’une Ecole d’Ingénieurs ou d’un Master 2, vous justifiez d’au moins deux ans d’expérience sur un poste similaire. »
http://www.meteojob.com/candidat/offres/offre-d-emploi-developpeur-h-f-ile-de-france-cdi-1701396

« Vous êtes capable d’architecturer convenablement une application web et modéliser une base de données MySQL (Merise / UML / MVC »
https://remixjobs.com/emploi/Developpement/Developpeur-web-Front-End-H-F/7302

« Vous êtes jeune et dynamique » (So 90’s & si discriminatoire…)
http://emploi.alsacreations.com/offre-512983-Developpeur-js—integrateur-web.html

« Intérêts:
• Ambiance internationale
• Structure jeune et dynamique
• Poste basé à Paris »
http://emploi.frenchweb.fr/offre-emploi/developpeur-front-end-senior-pour-une-agence-digitale/

« Nous voulons quelqu’un capable d’aller au delà des appréhensions »
http://www.jobintree.com/offre-emploi/le-crew-4355/developpeur-web-1664536

Pour le dernier, c’est vraiment du niveau senior, mais pas impossible, combien de profils correspondent ?
http://tbe.taleo.net/NA2/ats/careers/requisition.jsp?org=NURUN&cws=2&rid=1278

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31 commentaires

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Ah zut j’avais oublié de te dire d’ajouter le très célèbre, et ce pour des potes complètement pas vendu comme « lead » :
« vous serez amener à moyen terme à manager une équipe, écrire les specs, conceptualiser les projets, réaliser un framework et bien sûr, gérer vous-même la relation clientèle »

Le 06 Sep. 2012 à 15h36 par kaneel

Amen !

Ça m’a fait bien rire quand même… alors que c’est pas du tout drôle comme sujet en plus… Ça doit venir de mon psyché tout troublé. :)

Le 06 Sep. 2012 à 15h38 par GoOz

Et bien ça ne donne pas envie de revenir en France (je reviens dans 2 semaines) !

Mais ne rêvez pas trop, tout n’est pas rose de l’autre coté de la manche non plus.

La plupart des agences web font-elles la différence front-end/back-end dev ou y en a t il beaucoup qui propose un post qui combine les deux ?

Le 06 Sep. 2012 à 15h56 par Tanguy Martin

Bonjour,

à propos de l’annonce publiée sur emploi.alsacreations.com qui a échappé à l’attention de celui qui les met en ligne (ce n’est plus moi depuis début 2012 mais c’est toujours un admin).

Pourquoi POURQUOI encore cette fois personne ne nous l’a signalé via n’importe quel formulaire ou mail d’alsacreations.fr ou d’alsacreations.com ou sur Twitter ? C’est viré 5 minutes après que quelqu’un ait lu votre message.

Le 06 Sep. 2012 à 16h04 par Felipe

Et pour ce qui concerne l’annonce « désactivée » de Jobintree, il y a au moins 3-4 trucs potentiellement illégaux (voir mon commentaire ici : http://www.imctobitch.com/ces-web-agencies-qui-discreditent-vos-premiers-recrutements-en-startup/comment-page-1/#comment-243 ) qui me dérangent plus qu’aller au-delà des « appréhensions » …

J’ai signalé cette annonce le dimanche, j’ai reçu une réponse le lundi à 9h52. Bon pour le coup l’annonce reste visible lorsqu’elle est désactivée et ça ne me convient pas du tout, bien évidemment.

Le 06 Sep. 2012 à 16h18 par Felipe

Je crois que la plus belle que j’ai vue était sur Lolix, en substance, il fallait être expert dans tous les domaines (serveur, intégration, back-end, GNU/linux, réseau, etc.). Jamais vu un CV pareil, ou alors, le gars, il cherche pas un job !

Le 06 Sep. 2012 à 20h36 par Nico

Excellent article !!

La plupart des employeurs – et des gens qui rédigent ces offres d’emploi – ignorent que désormais nos principaux outils de travail que sont html et css sont des standards vivants, en perpétuelle évolution.
Ils n’ont absolument aucune idée des enjeux de ce métier, et c’est bien ça qui rend si pathétique le manque de considération – et de rémunération !

Le 06 Sep. 2012 à 21h02 par Gaël

On ne cessera de remarquer les lacunes flagrantes de la France en matière de relation humaines et d’organisation du travail.

On dissocie les domaines de conception/création et d’exécution technique. Ainsi, on cherche constamment la meilleur machine comme sur un catalogue de bons produits.

Le pire avec ça est si on vous ajoute une bonne connaissance de l’agile ou de travail en équipe dans le lot.
On cherche le plus large profil technique (moyen partout) alors qu’on devrait se pencher sur les personnes qui s’adapte le mieux et qui savent progresser rapidement.

Le 07 Sep. 2012 à 07h47 par bertrandkeller

Ces annonces sont assez hallucinante, c’est clair. La réalité est sans doute beaucoup, beaucoup plus simple.

Vous avez un/des critère(s) qui correspond(ent), vous avez fait un peu de recherche sur l’entreprise qui recherche et si elle vous intéresse : postulez.

1) au pire (on commence par là), vous aurez de quoi animer vos soirées en racontant votre entretien d’embauche en vous marrant bien sur le salaire proposé.

2) comme ce type de profil n’existe pas (et les 3 mecs au monde qui font exceptions … ne cherche pas de boulot), c’est donc sur une ou deux compétences particulières que vous sortirez du lot.

3) … c’est tout ! (j’avais dis que c’est assez simple)

J’ai 20 ans de boîtes derrière moi avec comme moyenne une nouvelle entreprise tous les 3 ans et je pense pouvoir dire que ce type d’annonce c’est soit : pour filtrer en amont, le mec qui l’a rédigé sait même pas de quoi y cause, pour une boîte à la con

Dans tous les cas une bonne boîte va chercher à monter des équipes de qualité (par domaines de compétences), avec dans l’idéal aucun élément susceptible d’être trop central (aïe si le mec se barre).

Je crois que la leçon à tirer de tout cela, c’est de constater qu’au final, les intégrateurs c’est tellement important (du mockup au référencement), qu’il n’est plus possible aujourd’hui (bon depuis longtemps en fait) de se passer d’eux.

C’est quand même une bonne chose ça, non ?

Le 07 Sep. 2012 à 09h43 par Fabien CANU

Merci pour cet article, qui est fort intéressant.

Je dois dire qu’effectivement la situation est assez triste voire honteuse! J’ai moi-même commencé à écrire une série d’articles sur le sujet. Il y a un manque de respect caractérisé mais surtout une exploitation sans limite qui réduit la qualité des conditions de travail. Encore une fois c’est fort triste!

Rod

Le 07 Sep. 2012 à 09h53 par Rodleg

@fabien : C’est aussi un problème, de ne pas chercher de spécialiste. Les entreprises qui publient ces annonces encouragent l’intégrateur à être moyen dans tous les domaines – donc n’être expert nul part, et ce afin qu’il soit remplaçable.

Personnellement, je vis ça comme un glass ceiling au sein de mon agence. Aucune des compétences que j’acquière ne sont reconnues : au lieu d’en profiter afin de conférer de la valeur ajoutée à mon travail, mon employeur préconise d’éviter la « sur-qualité » – perte de temps selon lui.

Ce genre d’annonce abaisse le rôle d’intégrateur à un espèce de Mac Gyver sous-doué. Il serait bénéfique qu’un employeur dispose d’une spécialité et recrute ses salariés en fonction de cette spécialité : en plus de valoriser ses salariés, il gagnerait encore en expertise(s) et en compétence(s).

Une agence qui se targue de bien référencer les sites de ses clients devrait savoir qu’il lui faut un intégrateur expert en sémantique et optimisation, par exemple.

Un jour – bientôt ? – ce métier se scindera en sous-domaines, peut-être même en différents métiers !

Le 07 Sep. 2012 à 10h19 par Gaël

Le constat dressé dans ce billet est malheureusement intemporel… Même avant l’arrivée de HTML5, en fait il me semble dès la guerre des navigateurs (IE/Netscape) l’intégrateur a été au cœur de la chaine de publication en ligne. Des sites comme feu recruteursbidons (RIP) pointaient du doigt ce genre de pratiques (voir aussi http://emploi.nofutur.free.fr/offres.html)

Aujourd’hui il me semble que l’intégration web est souvent assimilée à installation de templates. Quand on voit que des WordPress ou d’autres CMS prennent en charge un maximum de questions liée à la compatibilité entre navigateurs, et font même du responsive design…

Le 07 Sep. 2012 à 11h20 par Intégration web

Le seul moyen que j’aie trouvé pour être payé aussi bien qu’un DA ou un dev back à expérience équivalente, c’est de passer freelance et de décider moi-même à combien j’estimais la valeur de mon boulot. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, les clients sont prêts à payer ce que je demande : j’ai très rarement des remarques sur mes tarifs, qui sont acceptés sans négociation la plupart du temps.

Reste qu’en CDI en France à l’heure actuelle, obtenir l’équivalent de ma rémunération freelance (charges déduites, etc.) à niveau d’expérience similaire, ça reste de la science-fiction pure et simple et c’est bien regrettable.

Ce n’est pas la seule raison qui m’a fait me remettre à mon compte, mais ça a joué…

Le 12 Sep. 2012 à 14h38 par STPo

Tanguy Martin:
« Mais ne rêvez pas trop, tout n’est pas rose de l’autre coté de la manche non plus. »

Apres 3 ans en NZ, et 1 an en Australie. 4 agences differentes, en full-time (4/5eme) ou freelance, mon experience est: « si, compare a la France: tout est rose »

1. Des le debut ils te proposent un salaire honnete que t’as meme pas besoin/envie de negocier,
2. Tout peut se negocier en terme d’emploi du temps
3. Tres rarement de charettes (et ca depasse pas le 20h)
5. Beaucoup de respect pour ton travail, une bonne ecoute, un vrai esprit d’equipe
6. Friday drinks !!!!
7. En freelance, toujours paye en moins d’un mois (en general dans les 2 semaines apres facturation… oui oui)
8. Et pas des moindre: le front-end fait du… front-end, et c’est tout, merci, au revoir :)

Evidemment qu’on ne peut pas faire une generalite de mon exp perso, mais ca sort quand meme des grandes lignes sur la reconnaissance du front-end et de ses competences en agence. Sans compter du fait de la place de l’employe. En France on estime que c’est normal que tu fasses des heures sup (toute la nuit)… A chaque fois que j’ai du en faire a l’etranger (quelques heures), mon manager se sentait mal, s’excusait et me remerciait… differentes mentalites.

D’ailleurs je suis curieuse, y’a d’autres front-end a l’etranger qu’ils racontent comment ils le vivent?

Je pense aussi qu’a force de sortir des termes comme ninja js, css guru, html messie ou je ne sais quoi, forcement on nous a cree un fantasme du front-end dev surdoue (et un peu masochiste) qui vit et respire uniquement pour coder avec un talent surnaturel.

Le 12 Sep. 2012 à 16h51 par Sugarskill

@Éric
Un salaire équivalent à celui d’un manager non (encore que, ça peut carrément se discuter), mais déjà un salaire équivalent à celui d’un dev back ou d’un DA de même expérience, ce serait pas mal…

@Sugarskill
Intéressant, mais qu’en est-il des contreparties (protection sociale, etc.) ? Compensées, voire dépassées par le gap de salaire ? Ou pas ?

Le 12 Sep. 2012 à 18h49 par STPo

@STPo,

Ca depend du type de visa que tu as.

En NZ et Australie j’etait en en Visa Vacances Travail (1 an) + Work Permit (2 ans).
Du coup j’avais juste un status de « touriste qui peut bosser », j’ai donc une assurance voyage en cas de pepin.
J’en ai trouve une pas tres chere (400 euros a l’annee) et qui rembourse tres bien les frais medicaux, c’est juste un peu de paperasse a faire.

En NZ, pour cotiser pour ta retraite tu dois remplir un papier, et ensuite ils prelevent sur ton salaire, donc je ne l’ai pas rempli et j’ai economise moi-meme mes sous.
En Australie c’est different, en tant qu’employe tu cotises la superannuation que tu peux recuperer quand tu quittes le territoire. Mais ce n’etait pas mon cas, j’y etait freelance, j’avais donc enregistre mon nom comme une companie avec un ABN (comme un siret) mais la tu peux te faire vraiment max de pognon.
L’australie est un pays cher, mais un pays qui paye tres tres bien.

Rien que ca, quand tu veux bosser:
– En NZ, tu remplies un formulaire, tu recuperes un numero de travailleur. Avec ca tu peux te faire employe, et si tu veux bosser en free, t’as rien besoin de faire. Juste tu invoice avec ce numero et tu declares ce que tu gagnes annuellement.
– En Oz, tu remplies un formulaire, tu recuperes un numero de travailleur avec lequel tu peux etre employe. Si tu veux bosser en free, tu t’enregistres en ligne et tu recupere un numero ABN avec lequel tu factureras et a la fin de l’annee tu declares.
Voila, en France, tu regardes comment devenir auto-entrepreneur et tu pleures, puis tu recois plein de coup de fil et de papiers de gens qui te disent que tu dois t’inscrire la et la que tu sais pas si c’est du spam ou non.
En comparaison, j’ai vraiment l’impression qu’en France on te met des batons dans les roues quand tu veux travailler et gagner de l’argent.

Sinon, c’est pas difficile de devenir resident ou citoyen, c’est juste long.
Moi, j’aime pas les relations a long terme :) J’aime etre libre de partir quand je veux mais j’ai eu plusieurs boites en Australie qui m’ont propose le sponsorship direct (voire meme supplier de le prendre).
Si un jour j’ai vraiment besoin d’argent, je retourne la-bas.
Meme sans VVT, je sais que je trouverais en moins de 2 semaines une boite qui investira dans le sponsorship pour moi. Enfin pour les 2 ou 3 prochaines annees, parce qu’apres les juniors FE seront devenus seniors, et qui peut dire comment sera la concurrence ou le marche d’ici 5 ans dans notre domaine? :)

La-bas, notre profil est tres bien connu et reconnu, et y’a une penurie de senior front-end. Les recruteurs sont a la limite de l’harcelement.

J’ai quitte la France y’a 4 ans parce que je petais un cable. J’adorais ma boite et mes collegues, j’etait jeune, j’ai donne tout ce que j’avais. Mais en France, plus tu donnes, plus on t’en demande. Bref, je vais pas rentrer dans les details, ou je suis repartie pour un pave :)

Je me suis dit merde, ok on adore notre boulot, mais on sauve pas des vies non plus. Ca vaut pas le coup de se rendre malade, ca vaut pas tout le stress qu’on recolte, alors j’ai tout plaque… la meilleure decision de toute ma vie.

Maintenant je suis a Bali… c’est pas la meme, mais c’est encore une autre histoire :)

Le 13 Sep. 2012 à 06h31 par Sugarskill

@Sugarskill Alors là je suis tout à fait d’accord avec toi et les points que tu abordes sont applicables là où je travaille aussi (aaahaa friday drinks …).

Quand je disais que « tout n’est pas rose à de l’autre coté de la manche » je parlais strictement des points abordés dans l’article. Mais ce que tu racontes fait totalement echo à mon expérience, surtout les points 2, 5 et 6..le point n°1.. un peu moins, toutefois la perspective d’évolution se fait en fonction des compétences seulement et uniquement, un autre bon point à mentionner, et non en fonction d’un diplôme. Disclaimer: je ne suis pas freelance.

Donc oui tu as parfaitement raison.

Le 14 Sep. 2012 à 01h13 par Tanguy Martin

Moi j’ai eu récemment le chance de tester un truc sympa. Bosser en freelance depuis la France pour un client au States (Cupertino), avec le traitement de faveur qu’on connait pour les dév front.
C’est très agréable. Ca change des pauvres agences françaises qui nous prennent pour du minerais…

Le 14 Sep. 2012 à 06h41 par MoOx

@jeromeM
C’est une histoire que je commence tout juste a ecrire donc on verra, je me donne un an pour voir comment ca tourne. Mais deja je peux dire: le soleil et les vagues, ca aide pas a la productivite haha

@Alexis
Merci

@Tanguy Martin
Toi tu es en Angleterre alors? Ca fait combien de temps?
C’est vrai ce que tu dis sur la perspective d’evolution, ils ne se fient que sur ce que tu sais faire, pas d’ou tu viens.

Autre chose: je ne sais pas comment c’est en Angleterre, mais quand je suis arrivee en NZ je parlais tres mal anglais, j’avais du mal a suivre un brief, au bout de 5min mon cerveau decrochait. Mais tout le monde a ete tres patient avec moi et mon boss m’avait dit « peu importe que ton anglais ne soit pas parfait, ton html est excellent et c’est ce dont a besoin ».
J’avais trouve ca incroyable, une grande comprehension et ouverture d’esprit.

Le 14 Sep. 2012 à 07h04 par Sugarskill

Merci pour tous ces retours, c’est vraiment instructif.

Personnellement les principales barrières que je voyais à ce type d’évolution professionnelle (freelance à l’étranger) étaient l’administratif et la langue, mais à t’écouter ça n’est pas si bloquant…

À méditer, donc !

Le 14 Sep. 2012 à 08h53 par STPo

@STPo

La principale difficultee c’est d’avoir le visa pour travailler.
Avec le VVT tu peux freelancer, mais ce n’est valable qu’un an (et il faut avoir moins de 30ans). Apres si tu veux rester sur le territoire il te faudra un work permit (NZ) ou un sponsorship (Oz) et ca tu ne peux l’avoir qu’avec une offrr d’emploi, donc ton visa est lie a l’entreprise et tu es forcement employe. Et si tu perd ou quitte ton emploi, il te faudra refaire un visa.
En Australie, c’est la boite qui paye ton sponsorship, c’est tres cher donc en general ils te sortent un contrat de 2 ans minimum, souvent 4. Si tu te barres avant, tu rembourses une partie.
En NZ, le work permit est a ta charge, ce n’est pas tres cher.
Jusqu’a ce que tu deviennes resident ou la tu redeviens libre de travailler comme tu veux.

La crise a touche la NZ aussi, j’ai echappe a la 1ere vague de licenciement… Pas la deuxieme. Grosse angoisse, la loi dit que je devais appliquer pour une modification de visa – donc deja avoir une promesse d’embauche – avant mon dernier jour. Quand t’as juste un preavis d’un mois, c’est pas large.
En pratique: mon boss m’a paye les conseils d’un consultant en immigration qui m’a dit que si personne me balancait a l’immigration, j’avais bien une fenetre d’un mois apres la fin de mon contrat pour trouver autre chose. Et mon patron, m’a propose de repousser mon dernier jour au besoin.
J’ai trouve un poste en moins d’une semaine.

A Bali, c’est beaucoup plus complique pour les visas. Je suis en auto-entrepreneur. J’ai tout de declare en France, je paye mes impots en France, bref tout l’activite est en France, juste j’y suis pas physiquement.
Bon l’AE, c’est un CA annuel limite, mais Bali est pas cher alors ca suffit largement.

La difficultee est d’avoir une connexion fiable (adsl 1 wifi, ici c’est 100 euros le mois, 200 euros d’installation et un contrat de 2 ans \o/ donc on est tous avec des petits modems USB a recharger et au debit imprevisible, mais ca marche pas trop mal) et le boulot. Ca du taff pour les frees y’en a, mais c’est souvent onsite. L’impression que le freelance c’est les nouveaux CDD.

Enfin voila mon retour d’experience. C’est pas parfait, c’est pas sans risques, mais ca reste rose :)

Le 14 Sep. 2012 à 14h13 par Sugarskill

C’est toujours intéressant de se rendre compte qu’on est pas le seul submergé par le manque de réalisme des offres d’emploi et aussi l’apprentissage sans fins d’outils et langages pour très peu de dividendes. J’en aurais bien long à dire sur cette industrie malade, mais voici seulement une parodie que j’avais écris et partagé avec mes amis:
« Un(e) Spécialiste en ressources humaines recherché(e)

Doctorat en Ressources Humaines obligatoire ou formation équivalente.
8 ans d’expérience avec les techniques d’entrevues les plus récentes.
Expertise avec le logiciel simple comptable, PowerPoint et Twitter.
Bon doigté et politesse pour les remerciements massifs,
Vitesse de frappe très rapide.
Resistance au stress.
Beaucoup d’entre-jambe.

Le ou la candidate idéale devra démontrer beaucoup d’autonomie pour le travail d’équipe et appliquer les normes ISO-agile selon l’approche 80/20 tout en visant la perfection. De bonnes aptitudes en SEO et HTML5 sont des atouts.

Temps partiel/remplacement de congé de paternité.
11,50$ à 11,75$ selon l’échelle.
Contribution de l’employeur au fond de retraite des collègues à temps plein.
Équilibre travail-famille avec le programme : Amène ton laptop à la maison. »

Le 17 Sep. 2012 à 00h34 par Visiteur

Un article que j’avais épingler dans mes onglets mais que je n’avais toujours pas eu le temps de lire…

Effectivement c’est instructif, et je pensais à être le seul à me poser ce genre question.

Quand j’étais stagiaire et que je disais que je voulais faire uniquement de l’intégration (ce que je fais maintenant) et pas faire de PHP, de SQL du front etc… on m’as dit : « Mais tu es fou, maintenant les intégrateurs n’existe plus, faut savoir faire du HTML/CSS/JS/PHP/MySQL/JOOMLA/WORPDRESS/SHAREPOINT/…. (j’exagère hein !) »

J’ai accepté l’idée, mais intérieurement ça me plaisait moyen… Surtout que évidemment la paye ne suivait pas !
Alors j’ai pris mon courage et j’ai cherché uniquement pour l’intégration, c’était plus que laborieux mais j’y suis arrivé.

C’est vrai que lire vos « voyages » ça fait réver. Je me laisserais bien tenter :°)

Le 05 Oct. 2012 à 10h41 par Julien

Il y a en effet un sacré problème au niveau du rapport compétences demandées/veille sur temps perso obligatoire/reconnaissance/salaire pour notre beau métier.
Il ne tiens qu’a nous de changer ça même si l’espoir fait vivre :)

Heureusement que la majorité d’entre nous sont des passionnés, les autres sont encore plus à plaindre…

Le 16 Oct. 2012 à 02h36 par Chrisis

Ce genre d’article fait plaisir à lire car on se sent moins seul, mais en même temps c’est un effrayant constat.
En effet, moi je faisais des sites web à la fin des années 90, l’époque où l’on nommait « webmaster » celui qui était le grand manitou des sites web….
Après une longue pause, je reprends du service en constatant que mon activité actuelle s’appelle désormais « intégrateur web »… ok pas de problème pour moi, sauf que quand on regarde les offres d’emploi, on constate en effet que TOUTES les offres sans exception demande au minimum comme connaissances html/css + bonne maitrise de javascript et frameworks associés (jquery et autres), bonne matrise de PHP, maitrise d’un SGBD voir plusieurs, maitrise d’au moins deux CMS et plus serait encore mieux (Joomla, worpdress ou drupal en général), Bootstrap, Symphony2 etc… la liste peut etre plus longue encore….. effrayant!!
Comment fait on pour maitriser toutes ces technologies dans un monde où l’on nous demande d’être toujours plus spécialisé…?
D’ailleurs sur le site de pôle emploi, le terme d’intégrateur n’existe pas au profit du terme de développeur web… grand fourre tout où les compétences demandées ressemblent plus à celles d’un ingénieur avec une spécialisation programmation internet vu la longue liste des langages à savoir maitriser qu’a celles d’un intégrateur web… tout ça pour un salaire à peine plus élevé que le SMIC…
Désolé mais moi je n’ai pas fais d’école d’ingénieur, je suis un éternel autodidacte du web… alors y a t il encore une place pour des gens comme moi dans le web ? … j’espère… mais en attendant en ce moment je rame pour trouver des plans tout en me mettant à jour techniquement (sur mon temps libre bien sur….)

Le 31 Jan. 2014 à 10h38 par julius

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